Que savoir du Geno-Cost
Le Geno-Cost/Genocost est une initiative du CAYP, (la plateforme d’actions de jeunes Congolais) mise en place pour la reconnaissance du Génocide contre la population de la République Démocratique du Congo. Cette campagne a pour but la reconnaissance officielle de la date du 02 Août comme un jour de commémoration en souvenir de tous ceux que nous avons perdu dans notre longue histoire de violence au Congo.
Que veut dire “Geno-Cost”?
Geno-cost signifie « le génocide pour des gains économiques ». C’est une combinaison de Génocide et Coût. Nous avons choisi ce terme pour expliquer la nature/l’aspect économique du génocide en RDC. Ceci dévoile le discours trompeur, souvent mené par de certains médias, soutenant que les conflits tribaux ou ethniques sont la cause première du Génocide et de l’instabilité au Congo.
Pourquoi avoir un jour de commémoration ?
Dans notre étude de l’histoire de génocide en République Démocratique du Congo, nous avons découvert que le conflit actuel, qui a revendiqué plus de six millions de vies, n’était pas le premier du genre au Congo. Selon les historiens comme Adam Hochschild et Isidore Ndaywel è Nziem, pendant le règne colonial de roi Leopold II (1885-1908), environ 10 à 13 millions de Congolais ont été tué par l’exploitation brutale de caoutchouc et d’autres ressources naturelles. Ce nombre de morts était l’équivalent de moitié de la population indigène du Congo.
Pourtant, seul quelques Congolais sont au courant de cette partie de notre histoire. Elle a été soigneusement enlevée de notre programme scolaire pour être remplacé par les contes “d’un Roi bâtisseur”, une figure héroïque souvent mentionnée comme un Noko (un oncle de la nation). Plus d’un siècle plus tard, l’histoire se répète. Des millions de Congolais payent à nouveau de leurs vies à cause de l’exploitation du Coltan, de l’Or et d’autres ressources naturelles. Mais, malgré que de plus en plus de personnes aient accès à l’ Internet et aux moyens de communication modernes, on en sait très peu sur ce conflit. Un conflit alimenté par la demande du monde de l’électronique : tous les téléphones et ordinateurs portables dans le monde contiennent un morceau du Congo.
C’est une démarche non conventionnelle d’ériger un mémorial alors qu’un conflit est en cours, cependant la situation actuelle du Congo appelle à une solution non conventionnelle. Si aucune démarche n’est entreprise pour tirer des leçons de ces tragédies, l’histoire de nous montre qu’elle se répèteront certainement. Si nous ne faisons rien maintenant, très peu se rappelleront les millions tués au Congo, et ce y compris les Congolais.
Avoir un jour commémoratif est une partie importante de notre campagne parce qu’il assure que l’histoire du conflit actuel ne soit jamais oubliée. Car le jour on voudrait rendre justice aux victimes du conflit, on aura tous besoins de ce rappeler de ce qui c’est passer.
Pourquoi le 2 Août?
Le 2 Août marque le début de la deuxième Guerre du Congo, aussi mentionnée comme la Guerre mondiale africaine. Ce jour-là en 1998 la rébellion du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) attaquât la ville de Goma avec le soutien du Rwanda et de l’Ouganda. Ce fut le début du conflit le plus mortel depuis la Deuxième Guerre Mondiale.
Plus de 6 millions de personnes ont été tuées et des millions de Congolais sont devenus les sujets d’un viol systématique, de mutilationales et d’autres formes de violences qui leur étaient infligées. Quoique la Guerre soit officiellement terminé en 2003, les Congolais continuent d’être tués, enlevés et violés par des milices dans l’Est du Congo.
Pourquoi disons-nous que c’est un génocide?
Les droits internationaux définissent le génocide comme n’importe lequel des actes suivants perpétrés dans l’intention de détruire, entièrement ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux:
a) Meurtre de membres du groupe;
b) Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe;
c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle;
d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;
e) Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe. »
Sur cette base, le viol systématique des femmes congolaises et des enfants, le meurtre en masse des civils encore en cours et d’autres atrocités commises contre la population de l’Est du Congo pour l’exploitation des ressources naturelles constituent un génocide. Pourtant à ce jour, la même communauté internationale qui a dit “plus jamais ça” a encore une fois faillit de protéger les vies d’enfants, de femmes et d’hommes.
La Communauté Internationale a fermé les yeux sur la situation critique du peuple congolais. Les Congolais doivent donc prendre les choses en mains. Au travers de cette initiative du 2 Août, CAYP donne l’opportunité à la communauté congolaise au Congo et dans la diaspora, de reconnaître le génocide congolais, commémorer les vies que nous avons perdues et travailler sur des solutions pour qu’un jour nous puisions obtenir la justice et une paix durable au Congo.